Le grand pan

•noiembrie 13, 2012 • Un comentariu

Le grand pan

Marele Pan

  Du temps que régnait le grand Pan, Pe când domnea Marele Pan
  Les dieux protégaient les ivrognes Zeii protéjau beţivanii
  Un tas de génies titubants Un cârd de genii-mpleticite
  Au nez rouge, à la rouge trogne. Cu nasul roş’, roşii obrajii.
  Dès qu’un homme vidait les cruchons, Cum cineva’şi golea sticlele,
  Qu’un sac à vin faisait carousse Cum un sac de vin se făcea criţă
  Ils venaient en bande à ses trousses ‘l urmau în bandă pe ulíţă
  Compter les bouchons. Numărând dopurile.
  La plus humble piquette était alors bénie, Poşirca cea mai slabă era binecuvântată
  Distillée par Noé, Silène, et compagnie, Distilată de Noe, Silen şi compania,
  Le vin donnait un lustre au pire des minus, Vinul dădea un lustru şi ultimei scursori
  Et le moindre pochard avait tout de Bacchus. Şi-ultimul beţivan era Bachus în tălpi.
  Mais se touchant le crâne, en criant „j’ai trouvé” Dar storcându-şi creierii şi strigând „am găsit”
  La bande au professeur Nimbus est arrivée Banda profesorului Nimbus a sosit
  Qui s’est mise à frapper les cieux d’alignement, Şi umplând cerul de coliniarităţi
  Chasser les dieux du firmament. Goli bolta de zeităţi.
  Aujourd’hui ça et là, les gens boivent encore, Oamenii încă beau astăzi cam peste tot,
  Et le feu du nectar fait toujours luire les trognes Şi focul din nectar mai aprinde obrajii
  Mais les dieux ne répondent plus pour les ivrognes, Dar zeii deja nu mai ocrotesc beţivanii,
  Bacchus est alcoolique, et le grand Pan est mort. Bachus e alcoolic şi Marele Pan e mort.
  Quand deux imbéciles heureux Când doi imbecili fericţi
  S’amusaient à des bagatelles, În dragoste-şi găseau plăcerea,
  Un tas de génies amoureux Un stup de zei îndrăgostiţi
  Venaient leur tenir la chandelle. Veneau să le ţină lumânarea.
  Du fin fond du Champs Élysées Oriunde-i duceau cărările,
  Dès qu’ils entendaient un „je t’aime”, Cum auzeau un „te iubesc”,
  Ils accouraient à l’instant même Apăreau în chip firesc,
  Compter les baisers. Numărând sărutările.
  La plus humble amourette  était alors bénie Cea mai umilă dragoste era binecuvântată
  Sacrée par Aphrodite, Éros, et compagnie, Sfinţită de-Afrodita, Eros şi compania,
  L’amour donnait un lustre au pire des minus, Iubirea dădea un lustru şi ultimei scursori,
  Et la moindre amoureuse avait tout de Vénus. Şi-ultima iubită era Venus în tălpi.
  Mais se touchant le crâne, en criant „j’ai trouvé” Dar storcându-şi creierii şi strigând „am găsit”
  La bande au professeur Nimbus est arrivée Banda profesorului Nimbus a sosit
  Qui s’est mise à frapper les cieux d’alignement, Şi umplând cerul de coliniarităţi
  Chasser les dieux du firmament. Goli bolta de zeităţi.
  Aujourd’hui ça et là, les coeurs battent encore, Inimile mai bat astăzi cam peste tot,
  Et la règle du jeu de l’amour est la même Acelaşi joc îl joacă încă îndrăgostiţii
  Mais les dieux ne répondent plus de ceux qui s’aiment, Dar zeii deja nu mai ocrotesc iubiţii,
  Vénus s’est faite femme, et le grand Pan est mort. Venus este femeie şi Marele Pan e mort.
  Et quand fatale sonnait l’heure Şi când venea ceasul fatal,
  De prendre un linceul pour costume De-a lua linţoliul drept costum,
  Un tas de génies l’oeil en pleurs Un stup de zei înlăcrimaţi
  Vous offraient des honneurs posthumes, Vă-acorda omagiul postum.
  Pour aller au céleste empire, Ca să-ajungi în cerul divin,
  Dans leur barque ils venaient vous prendre, Cu ei în luntre te urcai,
  C’était presque un plaisir de rendre Şi era chiar plăcut să-ţi dai
  Le dernier soupir. Ultimul suspin.
  La plus humble dépouille était alors bénie, Cel mai umil cadavru era binecuvântat
  Embarquée par Caron, Pluton et compagnie, Îmbarcat de Caron, Pluto şi compania
  Au pire des minus, l’âme était accordée, Chiar ultimei scursori, un duh i se dădea
  Et le moindre mortel avait l’éternité. Şi-ultimul dintre morţi veşnicia-o primea.
  Mais se touchant le crâne, en criant „j’ai trouvé” Dar storcându-şi creierii şi strigând „am găsit”
  La bande au professeur Nimbus est arrivée Banda profesorului Nimbus a sosit
  Qui s’est mise à frapper les cieux d’alignement, Şi umplând cerul de coliniarităţi
  Chasser les dieux du firmament. Goli bolta de zeităţi.
  Aujourd’hui ça et là, les gens passent encore, Oamenii încă mor astăzi cam peste tot,
  Mais la tombe est hélas la dernière demeure Dar groapa este, vai, ultima locuinţă,
  Les dieux ne répondent plus de ceux qui meurent. Căci zeii deja nu mai ocrotesc adormiţii,
  La mort est naturelle, et le grand Pan est mort. Moartea e naturală şi Marele Pan e mort.
  Et l’un des dernier dieux, l’un des derniers suprêmes, Şi-ultimul dintre zei, supremul cel din urmă,
  Ne doit plus se sentir tellement bien lui-même Nu se află nici el, într-o stare prea bună.
  Un beau jour on va voir le Christ Iar într-o bună zi, îl vom vedea pe Christ,
  Descendre du Calvaire en disant dans sa lippe Coborând de pe cruce şi murmurând în barbă
  „merde je ne joue plus pour tous ces pauvres types”. „Fir’ar, m-am săturat să mor pentru-aşa gloată „.
  J’ai bien peur que la fin du monde soit bien triste. Sfârşitul lumii, cred, va fi destul de trist.

• Pan : Pan signifie „tout” en grec. Pan est au nombre des faunes et des satyres, le dieu secret de la Nature, que Brassens prend ici comme symbole des temps patriarcaux.
• Nietzsche : le philosophe allemand se voulait disciple de Dionysos (un des avatars du dieu Pan) et lorqu’il proclama „Dieu est mort!”, il appelait à un retour au paganisme naturel contre le christianisme négateur de la sexualité et donc de la vie.
Dans cette perspective, il n’est pas indifférent de noter que la représentation du diable („l’ennemi”), chez les Chrétiens, pieds fourchus, queue et cornes de bouc, est exactement celle du Pan de la mythologie qui, en plus, le représente très souvent en érection!
• faire carousse : s’enivrer, se saoûler.
• faire carousse : Etym. de l’allemand „trinken gar aus”, boire énormément
• j’ai trouvé! : C’est la fameuse exclamation d’Archimède dans son bain, découvrant que „Tout corps plongé dans un liquide etc.”, c’est à dire une des premières lois de la physique.
• J’ai trouvé! : En V.O. : Eurêka!
• la bande au professeur Nimbus… : …telle que la présente GB, ce sont tous les tenants de la science moderne rationnelle et positive, ceux qui ont relégués les dieux de l’antiquité au poubelles de l’histoire.
C’est bien là le thème de la chanson: le rationalisme scientifique a supprimé les Dieux, ce qui pour l’athée qu’était Brassens, semblerait plutôt une bonne nouvelle. Hélas, en supprimant les Dieux du vin, de l’amour et de la mort, on a supprimé la poésie, qui était la présence du divin dans le quotidien. C’est le vieux débat entre poètes et scientifiques.
• Caron : ou Charon, le nocher des Enfers.
• Nocher : Oui, Charon était le nocher, c’est à dire le batelier, le passeur qui faisait traverser aux âmes le Styx, ce fleuve qui entourait les Enfers (au pluriel, c’est à dire l’autre monde, où l’on recevait récompense ou punition).
• Nimbus : Le professeur Nimbus, héros de bande dessinée, type du savant distrait.
• dans sa lippe : pour lui-même, in petto.

Quand les cons sont braves

•aprilie 25, 2012 • Lasă un comentariu

Quand les cons sont braves

Când proştii-s oameni buni

   
Sans être tout à fait un imbécile fini, Fără a fi cu totul un imbecil desăvârşit
Je n’ai rien du penseur, du phénix, du génie. N-am nimic dintr-un gânditor, sfinx, geniu.
Mais je n’ suis pas le mauvais bougre et j’ai bon cœur, Dar nu-s om rău şi-am inima bună,
Et ça compense à la rigueur. Şi asta compensează, în cel mai rău caz.
   
Refrain :  
Quand les cons sont braves Când proştii-s oameni buni
Comme moi, Ca mine,
Comme toi, Ca tine,
Comme nous, Ca noi,
Comme vous, Ca voi,
Ce n’est pas très grave. Nu-i grav.
Qu’ils commett’nt, Să comită
Se permett’nt Se admite
Des bêtises, Măgării,
Des sottises, Şi prostii,
Qu’ils déraisonnent, Să o ia razna
Ils n’emmerdent personne. Nu supără pe nimeni.
Par malheur sur terre Din păcate pe pământ
Les trois quarts Trei sferturi
Des tocards Dintre dobitoci
Sont des gens Sunt indivizi
Très méchants, Foarte răi
Des crétins sectaires. Cretini intoleranţi
Ils s’agit’nt, Se agită
Ils s’excit’nt, Se excită
Ils s’emploient, Se-angajează
Ils déploient Îşi desfăşoară
Leur zèle à la ronde, Zelul împrejur
Ils emmerdent tout l’ monde. Deranjând pe toată lumea.
   
Si le sieur X était un lampiste ordinaire, Dacă domnul X era un lamapagiu ordinar,
Il vivrait sans histoir’s avec ses congénères. Şi-ar fi trăit povestea vieţii printre cei de teapa lui.
Mais hélas ! il est chef de parti, l’animal : Dar, iată ! e şef de partid, animalul,
Quand il débloque, ça fait mal ! Când bate e câmpii, e de rău !
   
Refrain  
   
Si le sieur Z était un jobastre sans grade, Dacă domnul Z ar fi o ordonanţă fără grad,
Il laisserait en paix ses pauvres camarades. Şi-ar lăsa în pace sărmanii camarazi.
Mais il est général, va-t-en-guerr’, « matamore ». Dar aşa,-i general, la război, « fanfaron »
Dès qu’il s’en mêle, on compt’ les morts. Unde se bagă el, se număr’ morţii
   
Refrain  
   
Mon Dieu, pardonnez-moi si mon propos vous fâche Să mă ierţi, Doamne ! de te supăr cu vorba
En mettant les connards dedans des peaux de vaches, Băgându-i pe măgari într-o piele de vacă,
En mélangeant les genr’s, vous avez fait d’ la terre Oamenii-amestecându-i, ai făcut din pământ
Ce qu’elle est : une pétaudière ! Ceea ce este : un balamuc..
   
Refrain  

Entre la Rue Didot et la Rue de Vanves

•decembrie 7, 2011 • Lasă un comentariu

Entre la rue Didot et la rue de Vanves

Între strada Didot şi strada Vanves

   
Voici ce qu’il advint jadis grosso modo Iată ce s-a-ntâmplat atunci grosso modo
Entre la rue Didot et la rue de Vanves, Între strada Didot şi strada Vanves,
Dans les années quarante Prin anii patruzeci.
Où je débarquais de mon Languedo1, Când am debarcat din Languedo-ul meu,
Entre la rue de Vanv’s et la rue Didot. Între strada Vanves şi strada Didot.
   
Passait un’ bell’ Gretchen2 au carr’four du château, Trecând o frumoasă Gretchen la interesecţia castelului
Entre la rue Didot et la rue de Vanves,  
Callipyge à prétendre Callipyge aspirând
Jouer les Vénus chez les Hottentots3, Să se dea Venus printre Hotentoţi
Entre la rue de Vanv’s et la rue Didot.  
   
En signe d’irrespect, je balance aussitôt, În semn de respect, cumpănii ne’ntârziat
Entre la rue Didot et la rue de Vanves,  
En geste de revanche, Ca gest de răspuns,
Une patte croche au bas de son dos, O labă lacomă de puşlama mai jos de spate.
Entre la rue de Vanv’s et la rue Didot.  
   
La souris gris’ se fâche et subito presto, Soricelul de cartier se ofuscă şi subito presto,
Entre la rue Didot et la rue de Vanves,  
La conne, la méchante, Proasta, răutăcioasa,
Va d’mander ma tête à ses p’tits poteaux, Îmi ceru capul de la potăile ei,
Entre la rue de Vanv’s et la rue Didot.  
   
Deux sbires sont venus avec leurs noirs manteaux, Doi zbiri au apărut cu mantalele lor negre,
Entre la rue Didot et la rue de Vanves,  
Se pointer dans mon antre Mi s-au postat în faţa bîrlogului
Et sûrement pas pour m’ fair’ de cadeaux, Sigur nu pentru a-mi face cadouri
Entre la rue de Vanv’s et la rue Didot.  
   
J’étais alors en train de suer sang et eau4, Atunci, m-am făcut luntre şi punte,
Entre la rue Didot et la rue de Vanves,  
De m’user les phalanges Să-mi tocesc falangele
Sur un chouette accord du père Django, Pentru-un acord pe cinste de-al lui tata Django,
Entre la rue de Vanv’s et la rue Didot.  
   
Par un heureux hasard, ces enfants de salauds, Şi, fericită întâmplare, cei doi pui de căţea,
Entre la rue Didot et la rue de Vanves,  
Un sacré coup de chance, Un noroc chior, milă de sus,
Aimaient la guitare et les trémolos, Apreciau ghitara şi tremolourile,
Entre la rue de Vanv’s et la rue Didot.  
   
Ils s’en sont retournés sans finir leur boulot, S-au întors la ei fără-a-şi găta treaba,
Entre la rue Didot et la rue de Vanves,  
Fredonnant un mélange Fredonând un amestec
De Lily Marlène et d’Heili Heilo, De Lily Marlène şi de Heili Heilo,
Entre la rue de Vanv’s et la rue Didot.  
   
Une supposition : qu’ils aient comme Malraux5, O presupunere : de erau ca Malraux
Entre la rue Didot et la rue de Vanves,  
Qu’ils aient comme ce branque5 De-ar fi fost ca păcăliciul ăla
Compté la musique pour moins que zéro, Să fi fost pentru ei muzica mai puţin decât nimic
Entre la rue de Vanv’s et la rue Didot,  
   
M’auraient collé au mur avec ou sans bandeau, M-ar fi lipit de zid, legat sau nu la ochi,
Entre la rue Didot et la rue de Vanves,  
On lirait, quell’ navrance ! Mi-ar fi citit, ce sfâşiere !
Mon blase inconnu dans un ex-voto6, Numele, unul printre altele, într-un pomelic.
Entre la rue de Vanv’s et la rue Didot.  
   
Au théâtre, ce soir, ici sur ces tréteaux, La teatru,-n seara asta, urcând aici pe scenă,
Entre la rue Didot et la rue de Vanves,  
Poussant une autr’ goualante, Cântând al cântecel
Y’ aurait à ma place un autre cabot, Era în locul meu un alt cabotin
Entre la rue de Vanv’s et la rue Didot.  


1  Languedô : Pour la rime Didot-Languedoc, voir la vieille chanson du XIXe siècle, qui avait été reprise, je crois, par Guy Béart dans l’un de ses disques de chansons folkloriques:

„Je suis un pauvre conscrit

De l’année 1810

J’ai quitté mon Languedô

avec mon sac sur le dos…

2 Gretchen : Diminutif allemand du prénom Greta. Ce sobriquet a été utilisé par les Français pour désigner toutes les femmes allemandes et surtout les auxiliaires féminines de la Wehrmacht aussi appelées „souris grises”. C’est à l’une d’entre elles que le jeune Brassens a dû mettre „la main au panier”!

3 Vénus chez les Hottentots : Allusion à „La Vénus Hottentote” Sarah Baartman, dont la peu commune morphologie lui valut d’être arrachée en 1810 à l’Afrique du Sud, pour être exposée comme bête de foire à Londres et à Paris, dans des conditions sordides qui eurent rapidement raison d’elle.

4 suer sang et eau: Se donner beaucoup de peine, faire de gros efforts. L’eau dont il est question est la sueur. L’expression se rencontre dès 1588 et offre une variante : suer sang et larmes.

5 Malraux : André Malraux, (1901-1976), aventurier, romancier, résistant et esthète, plus tard ministre de la Culture de De Gaulle. A écrit de nombreux ouvrages sur l’art („L’Art est un anti-destin”) dont, il est vrai, la musique est singulièrement absente. Il fit, sur la fin de sa vie, de longs passages à la télé où, agité de tics et se lançant dans de longues phrases contournées et obscures, il avait, c’est vrai aussi, l’air d’un branque.

5 branque adjectif et nom. Qui se laisse facilement dupé, sot, bête : « J’irai pas prendre quelques bâtons \ Pour servir la soupe à ces branques \ Les télés vous prennent pour des cons \ J’irai pas chanter pour ces glands » Renaud

6 ex-voto – Définition : nom masculin invariable (latin : ex voto, en conséquence d’un vœu). Inscription, objet qu’on place dans une chapelle, à la suite d’un vœu ou en remerciement d’une grâce obtenue

Le mauvais sujet repenti

•decembrie 7, 2011 • Lasă un comentariu

Le mauvais sujet repenti

Derbedeul pocăit

   
Elle avait la taill’ faite au tour1, Avea talia-rotundă,
Les hanches pleines, Şoldurile pline,
Et chassait l’ mâle aux alentours Şi agăţa bărbaţii în jurul
De la Mad’leine2 Madeleinei…
A sa façon d’ me dir’ : Din felul ei de a-mi spune:
„Mon rat,Est-c’ que j’ te tente ?” „Şobolanul meu, te ispitesc?”
Je vis que j’avais affaire à Văzui c-aveam de-a face
Un’ débutante… Cu o începătoare.
   
L’avait l’ don, c’est vrai, j’en conviens, Avea darul, aşa e, recunosc,
L’avait l’ génie, Avea geniul,
Mais sans technique, un don n’est rien Dar fără tehnică, un dar nu e nimic
Qu’un’ sal’ manie… Decât o nevrednică manie…
Certes, on ne se fait pas putain Sigur, nu te faci târfă
Comme on s’ fait nonne. Cum te faci călugăriţă.
C’est du moins c’ qu’on prêche, en latin, Sau cel puţin aşa se predă, pe latineşte
A la Sorbonne… La Sorbona…
   
Me sentant rempli de pitié Mă simţeam plin de milă
Pour la donzelle, Pentru madamă,
J’ lui enseignai, de son métier, O învăţai, din meseria ei,
Les p’tit’s ficelles… Micile şmecherii…
J’ lui enseignai l’ moyen d’ bientôt O învăţai calea rapidă
Faire fortune, De-a face-avere,
En bougeant l’endroit où le dos Mişcându-şi faţa şi dosul
R’ssemble à la lune… Rotunde precum luna.
   
Car, dans l’art de fair’ le trottoir, Căci, în arta de-a face trotuarul,
Je le confesse, Mărturisesc,
Le difficile est d’ bien savoir Ce e greu e să ştii bine
Jouer des fesses… Să joci din fese…
On n’ tortill’ pas son popotin Nu-ţi balansezi popoul
D’ la mêm’ manière, De aceeaşi manieră,
Pour un droguiste, un sacristain, Pentr-un farmacist, un paracliser,
Un fonctionnaire… Un funcţionar…
   
Rapidement instruite par Repede instruită prin
Mes bons offices, Bunele mele oficii,
Elle m’investit d’une part M-a investit cu-o parte
D’ ses bénéfices… Din beneficii…
On s’aida mutuellement, Ne ajutam reciproc,
Comm’ dit l’ poète. Cum spune poetul.
Ell’ était l’ corps, naturell’ment, Ea era corpul, natural,
Puis moi la tête… Apoi eu capul…
Un soir, à la suite de Într-o seară, în urma
Manoeuvres douteuses, Unor manevre dubioase,
Ell’ tomba victim’ d’une Căzu victimă unei
Maladie honteuses… Maladii ruşinoase…
Lors, en tout bien, toute amitié, Atunci, toate bune, din prietenie,
En fille probe, Fată cinstită,
Elle me passa la moitié Îmi  transferă o jumătate
De ses microbes… Din microbi…
   
Après des injections aiguës După injecţii usturător
D’antiseptique, De antiseptice
J’abandonnai l’ métier d’ cocu Abandonai meseria de codoş
Systématique… Calificat…
Elle eut beau pousser des sanglots, În van se strădui ea să suspine,
Braire à tu’-tête, Să strige-n gura mare,
Comme je n’étais qu’un salaud, Cum nu eram decât un ticălos,
J’ me fis honnête… Mă făcui om cinstit…
   
Sitôt privé’ de ma tutell’, Cum îmi scăpă de sub tutelă,
Ma pauvre amie Sărmana mea prietenă
Courrut essuyer du bordel Fugi să locuiască la bordel,
Les infamies… Ticăloşiii…
Paraît qu’ell’ s’ vend même à des flics, Şi-aud că s-ar vinde chiar şi la sticleţi
Quell’ décadence ! Ce decadenţă!
Y’a plus d’ moralité publiqu’ Nu mai e moralitate publică
Dans notre France… În Franţa noastră…


1 fait au tour : Que ce soit le tour du potier ou celui du menuisier, ce qui est fait au tour a des formes obligatoirement rondes et parfaitement symétriques, souvent très fines… On dit parfois d’une belle femme: Elle a des hanches d’amphore.

2 Madeleine : il assez amusant de constater aussi que la tradition populaire veut que dans les évangiles, Madeleine (Marie-Madeleine) ait été une ‘pécheresse’ repentie – une prostituée – à qui Jésus avait pardonné les errances de sa vie passée • la Madeleine : ce quartier parisien, ainsi que quelques autres (les Halles, rue Saint-Denis, rue Joubert, Pigalle) a une histoire très forte liée à la prositution • la Madeleine : en tant qu’église, quel lieu plus adéquat pour assurer le repentir d’un mauvais sujet • la Madeleine : monument parisien historique bâti à la charnière du xviiie s. et du xixe s., cette église qui aurait dû servir de temple à la gloire de la grande armée de napoléon, garde la forme d’un temple antique entouré de colonnes corinthiennes de dimension impressionnante reposant sur un socle de 4 mètres

L’orage

•decembrie 7, 2011 • Lasă un comentariu

L’orage

Furtuna

Parlez-moi de la pluie et non pas du beau temps, Vorbeşti-mi despre ploaie, nu despre vremea bună,
Le beau temps me dégoute et m’ fait grincer les dents, Timpul frumos mă dezgustă,
Le bel azur me met en rage, Cerul senin mă înnebuneşte,
Car le plus grand amour qui m’ fut donné sur terr’ Căci cea mai mare dragoste ce mi-a fost dată pe pământ
Je l’ dois au mauvais temps, je l’ dois à Jupiter, O datorez timpului urât, o datorez lui Jupiter,
Il me tomba d’un ciel d’orage. Mi-a picat dintr-un cer de furtună.
Par un soir de novembre, à cheval sur les toits, Într-o seară de noiembre, ploaia cântând pe-acoperişuri
Un vrai tonnerr’ de Brest, avec des cris d’ putois, O lovitură de fulger, un tunet ca din gură de şarpe,
Allumait ses feux d’artifice. Lumină cu focurile sale de artificii.
Bondissant de sa couche en costume de nuit, Sărind din aşternut în costumul de noapte,
Ma voisine affolé’ vint cogner à mon huis Vecina mea-ngrozită veni la uşa mea
En réclamant mes bons offices. Reclamându-mi bunele oficii.
« Je suis seule et j’ai peur, ouvrez-moi, par pitié, “Sunt doar eu şi mă tem, să-mi deschizi, fie-ţi milă,
Mon époux vient d’ partir faire son dur métier, Soţul meu a plecat la serviciul lui greu,
Pauvre malheureux mercenaire, Sărman mercernar nefericit.
Contraint d’ coucher dehors quand il fait mauvais temps, Forţat să doarmă aiurea când afară-i vreme rea
pour la bonne raison qu’il est représentant Pentru simplul motiv că e reprezentantul
D’un’ maison de paratonnerre. » Unei firme de paratrăznete.
En bénissant le nom de Benjamin Franklin, Binecuvântând numele lui Benjamin Franklin,
Je l’ai mise en lieu sûr entre mes bras calins, O aşezai la loc sigur în braţele mele mângâietoare
Et puis l’amour a fait le reste ! Apoi dragostea a făcut restul.
Toi qui sèmes des paratonnerre’ à foison, Tu care semeni paratrăznete peste tot,
Que n’en as-tu planté sur ta propre maison ? Cum n-ai plantat unul pe propria ta casă?
Erreur on ne peut plus funeste. Eroare cum nu se poate mai funestă.
Quand Jupiter alla se faire entendre ailleurs, Când Jupiter s-a dus să facă tămbălău departe,
La belle, ayant enfin conjuré sa frayeur Frumoasa, alungându-şi în fine teama
Et recouvré tout son courage, Şi regăsindu-şi tot curajul,
Rentra dans ses foyers fair’ sécher son mari Se-ntoarse ‘n casa ei ….
En m’ donnant rendez-vous les jours d’intempéri’, Dându-mi întâlnire în zilele cu-intemperii,
Rendez-vous au prochain orage. Întâlnire la următoarea furtună.
A partir de ce jour j’ n’ai plus baissé les yeux, Din ziua-aceea nu mi-am mai aplecat privirea,
J’ai consacré mon temps à contempler les cieux, Mi-am consacrat timpul contemplării cerului,
A regarder passer les nues, Uitându-mă cum trec norii.
A guetter les stratus, à lorgner les nimbus, Pândid la stratus, aruncând ocheade după nimbus,
A faire les yeux doux aux moindres cumulus, Făcând ochi dulci celor mai mici cumulus,
Mais elle n’est pas revenue. Însă ea n-a mai revenit.
Son bonhomm’ de mari avait tant fait d’affair’s, Naivul de soţu’său atâta s-a ţinut de afaceri,
Tant vendu ce soir-là de petits bouts de fer, Atâte bucăţi de fier a vândut din seara aceea,
Qu’il était dev’nu millionnaire Că-a devenit milionar.
Et l’avait emmené’ vers des cieux toujours bleus, Şi a dus-o sub ceruri tot timpul senine,
Des pays imbécile’ où jamais il ne pleut, În ţinuturi imbecile unde nu plouă deloc,
Où l’on ne sait rien du tonnerre. Unde nici nu s-a auzit de trăznete.
Dieu fass’ que ma complainte aille, tambour battant, Dea Domnul ca văicăreala mea să ajungă la ea,
Lui parler de la plui’, lui parler du gros temps Să-i vorbească de ploaie şi despre vremea rea
Auxquels on a t’nu tête ensemble, Când stăteam noi împreună.
Lui conter qu’un certain coup de foudre assassin Să-i spună cum o anume lovitură de fulger,
Dans le mill’ de mon coeur a laissé le dessin Pe pânza inimii mele a lăsat desenul
D’un’ petit’ fleur qui lui ressemble. Unei flori asemenea ei.

Le père noel et la petite fille

•decembrie 7, 2011 • Lasă un comentariu

Le Père Noël et la petite fille

   
Avec sa hotte sur le dos,  
Avec sa hotte sur le dos,  
Il s’en venait d’Eldorado,  
Il s’en venait d’Eldorado,  
Il avait une barbe blanche,  
Il avait nom « Papa Gateau »,  
Il a mis du pain sur ta planche,  
Il a mis les mains sur tes hanches.  
Il t’a prom’né’ dans un landeau,  
Il t’a prom’né’ dans un landeau,  
En route pour la vi’ d’ château,  
En route pour la vi’ d’ château,  
La belle vi’ doré’ sur tranche,  
Il te l’offrit sur un plateau.  
Il a mis du grain dans ta grange,  
Il a mis les mains sur tes hanches.  
Toi qui n’avais rien sur le dos,  
Toi qui n’avais rien sur le dos,  
Il t’a couverte de manteaux,  
Il t’a couverte de manteaux,  
Il t’a vetu’ comme un dimanche,  
Tu n’auras pas froid de sitôt.  
Il a mis l’hermine à ta hanche,  
Il a mis les mains sur tes hanches.  
Tous les camé’s, tous les émaux1,  
Tous les camé’s, tous les émaux,  
Il les fit pendre à tes rameaux,  
Il les fit pendre à tes rameaux,  
Il fit rouler en avalanches  
Perl’ et rubis dans tes sabots.  
Il a mis de l’or à ta branche,  
Il a mis les mains sur tes hanches.  
Tire la bell’, tir’ le rideau,  
Tire la bell’, tir’ le rideau,  
Sur tes misères de tantôt,  
Sur tes misères de tantôt,  
Et qu’au-dehors il pleuve, il vente,  
Le mauvais temps n’est plus ton lot,  
Le joli temps des coudé’s franches2  
On a mis les mains sur tes hanches.  


1 émaux & camées : Un camée est une pierre fine sculptée en relief. Les émaux sont des ouvrages d’orfèvrerie en émail, dont la technique (cuisson à très haute température d’oxydes métalliques mélangés à un vernis), orientale d’origine, est longtemps restée un mystère chez nous. C’est le fameux Bernard Palissy, sous François 1er, qui l’a redécouverte, dit la légende, en brûlant ses meubles.
Émaux et Camées est le titre d’un recueil de poèmes de Théophile Gautier que Brassens n’ignore certainement pas

2 coudées franches : avoir les coudées franches, c’est pouvoir avancer sans jouer des coudes, c’est donc être libre de ses mouvements, être libre tout court. La petite fille est aujourd’hui riche mais (Pauvre Petite Fille Riche) elle a perdu sa liberté au change.

 

Quatre-vingt-quinze pour cent

•decembrie 7, 2011 • Lasă un comentariu

Quatre-vingt-quinze pour cent

Nouăzeci şi cinci la sută

   
La femme qui possède tout en elle Femeia, căreia nu-i lipseşte nimic
Pour donner le goût des fêtes charnelles, Pentru a da gust serbărilor carnale
La femme qui suscite en nous tant de passions brutales, Femeia, ce suscită în noi pasiuni brutale,
La femme est avant tout sentimentale. Femeia, este înainte de toate sentimentală.
Main dans la main les longues promenades, Mână’n mână în lungi promenade,
Les fleurs, les billets doux, les sérénades, Florile, biletele amoroase, serenadele,
Les crimes, les folies que pour ses beaux yeux l’on commet, Crimele, nebuniile comise pentru frumoşii ei ochi,
La transportent, mais… Le extaziază, dar …

Refren:

 
Quatre-vingt-quinze fois sur cent, Nouăzeci şi cinci la sută,
La femme s’emmerde en baisant. Femeia se plictiseşte când sărută.
Qu’elle le taise ou le confesse Că tăgăduieşte sau o mărturiseşte
C’est pas tous les jours qu’on lui déride les fesses. Nu-n fiecare zi îi surâd fesele.
Les pauvres bougres convaincus Sărmanii tipi ce sunt convinşi
Du contraire sont des cocus. De contrariu sunt încornoraţii.
à l’heure de l’oeuvre de chair La ora operei carnale
Elle est souvent triste, peuchère ! Ea e adesea tristă, păcat!
S’il n’entend le coeur qui bat, Dacă nu i se aude inima bătând,
Le corps non plus ne bronche pas. Nici corpul nu i se clinteşte.
   
Sauf quand elle aime un homme avec tendresse, În afară de cazul când iubeşte-un bărbat cu tandreţe,
Toujours sensible alors à ses caresses, Sensibilă tot timpul, atunci, la mângâierile lui,
Toujour bien disposée, toujours encline à s’émouvoir, Bine dispusă permanent, şi-uşor de emoţionat,
Ell’ s’emmerd’ sans s’en apercevoir. Se plictiseşte fără să se-observe.
Ou quand elle a des besoins tyranniques, Sau când au necesităţi tiranice,
Qu’elle souffre de nymphmanie chronique, Când suferă de nimfomanie cronică
C’est ell’ qui fait alors passer à ses adorateurs Atunci ele le produc adoratorilor lor
De fichus quarts d’heure. Sferturi de oră neplăcute.
   
Les ”encore”, les ”c’est bon”, les ”continue” „Încă”-urile, „Ce bine e!”-urile, „Continuă”-urile
Qu’ell’ crie pour simuler qu’ell’ monte aux nues Pe care le strigă pentru a simula că urcă-n nori
C’est pure charité, les soupirs des anges ne sont E pur şi simplu milă, suspinele îngerilor nu sunt
En général que de pieux menson(ges) În general decât miciuni pioase
C’est à seule fin que son partenaire Doar pentru ca partenerul
Se croie un amant extraordinaire Să se creadă un amant extraordinar
Que le coq imbécile et prétentieux perché dessus Cocoşul imbecil şi pretenţios cocoţat deasupra
Ne soit pas déçu Să nu fie dezamăgit
   
J’entends aller bon train les commentaires Şi aud deja comentariile grăbite
De ceux qui font des châteaux à Cythère : Ale celor ce-şi fac castele în Cytera :
„c’est parce que tu n’es qu’un malhabile, un maladroit, „Doar pentru că tu eşti un neîndemânatec, un stângaci
Qu’elle conserve toujours son sang-froid.” Îşi păstrează ele-ntotdeuna sângele rece.”
Peut-être, mais si les assauts vous pèsent Aşa o fi, dar de v-or deranja asalturile
De ces petits m’as-tu-vu-quand-je-baise, Acestor mici văzutu-m-ai-ce-bine-sărut,
Mesdames, en vous laissant manger le plaisir sur le dos, Doamnelor, în timp ce vă lasă să vă delectaţi,
Chantez in petto… Cântaţi in petto

Les amoureux des bancs publics

•decembrie 7, 2011 • Lasă un comentariu

Les amoureux des bancs publics

Îndrăgostiţii băncilor publice

Les gens qui voient de travers Cei care se iau după aparenţe
Pensent que les bancs verts Îşi închipuie că băncile verzi
Qu’on voit sur les trottoirs Care se văd pe lângă trotuare
Sont faits pour les impotents ou les ventripotents Sunt făcute pentru neputincioşi sau burtoşi.
Mais c’est une absurdité Dar e o absurditate
Car à la vérité Căci în realitate
Ils sont là c’est notoir’ Sunt acolo, e bine ştiut,
Pour accueillir quelque temps les amours débutants Pentru a primi, din când în când începuturi de iubire.
Les amoureux qui s’ bécott’nt sur les bancs publics, Îndrăgostiţilor care se pupă pe băncile publice,
Bancs publics, bancs publics, Băncile publice, băncile publice,
En s’ fouttant pas mal du regard oblique Puţin le pasă de privirile piezişe
Des passants honnetes Ale trecătorilor oneşti,
Les amoureux qui s’ bécott’nt sur les bancs publics, Îndrăgostiţii care se pupă pe băncile publice,
Bancs publics, bancs publics, Băncile publice, băncile publice,
En s’ disant des ” Je t’aim’ ” pathétiqu’s Spunându-şi „Te iubesc”-uri patetice
Ont des p’tit’s gueul’ bien sympatiqu’s. Au mutrişoare simpatice.
Ils se tiennent par la main Se ţin de mână
Parlent du lendemain Vorbind despre viitor
Du papier bleu d’azur Despre tapetul albastru-azur
Que revetiront les murs de leur chambre à coucher. Ce va îmbrăca pereţii dormitorului lor.
Ils se voient déjà doucement Se văd, deja, în tihnă,
Ell’ cousant, lui fumant, Ea cosând, el fumând,
Dans un bien-etre sur Într-o bunăstare sigură
Et choisissant les prénoms de leur premier bébé Şi alegând prenumele primului lor bebeluş.
Quand la saint’ famill’ machin Când sfânta familie Cutare
Croise sur son chemin Întâlneşte-n drumul ei
Deux de ces malappris Doi dintre-aceşti prost crescuţi
Ell’ leur déoche en passant des propos venimeux Le aruncă priviri veninoase,
N’empech’ que tout’ la famille Chiar dacă, toată familia,
Le pér’ la mér’ la fille Tata, mama, fiica,
Le fils le saint esprit Fiul şi Sfântul Duh,
Voudrait bien de temps en temps pouvoir s’ conduir’ comme eux. Ar vrea, din când în când, să-şi petreacă-n felul lor.
Quand les mois auront passé Şi peste ani şi ani
Quand seront apaisés Când se vor fi potolit
Leurs beaux reves flambants Frumoasele lor vise înflăcărate,
Quand leur ciel se couvrira de gros nuages lourds Când cerul de deasupra lor se va fi acoperit de nori grei
Ils s’apercevront émus Îşi vor aminti, emoţionaţi,
Qu’ c’est au hasard des rues Că, în învălmăşeala străzilor,
Sur un d’ ces fameux bancs Pe una dintre aceste frumoase bănci,
Qu’ils ont vécu le meilleur morceau de leur amour. Au trăit cele mai frumoase clipe ale iubirii lor.

Les châteaux de sable

•decembrie 7, 2011 • Lasă un comentariu

Les châteaux de sable

Castelele din nisip

(Paroles: Georges Brassens, 1985)
Je chante la petite guerre Eu cânt micuţul război
Des braves enfants de naguère Al bravilor copii de-odinioară
Qui sur la plage ont bataillé Care se luptau pe plajă
Pour sauver un château de sable Să scape-un castel de nisip
Et ses remparts infranchissables Şi meterezele-i de netrecut
Qu´une vague allait balayer. Să nu fie măturat de-un val.
J´en étais : l´arme à la bretelle, Eram şi eu : cu-arma de gât,
Retranchés dans la citadelle, Fortificaţi în citadelă,
De pied ferme nous attendions Bine înfipţi, noi aşteptam
Une cohorte sarrasine O cohortă sarazină
Partie de la côte voisine Pornită de pe cel’lalt mal
A l´assaut de notre bastion. Să ia bastionul cu asalt.
A cent pas de là sur la dune, La-o sută de paşi pe dună,
En attendant que la fortune Şi aşteptând norocul armelor
Des armes sourie aux vainqueurs, Să surâdă celor învingători
Languissant d´être courtisées Cu dorul de a fi curtate
Nos promises, nos fiancées Promisele, logodnicele noastre
Préparaient doucement leur cœur. Inimile-şi pregăteu, duios.
Tout à coup l´Armada sauvage Deodat’ sălbatica Armada
Déferla sur notre rivage Se sparse pe malul nostru
Avec ses lances, ses pavois, Cu-ale ei lăncii şi scuturi,
Pour commettre force rapines, Pentru a face pradă mare,
Et même enlever nos Sabines Şi chiar să ne fure Sabinele,
Plus belles que les leurs, ma foi. Pe legea mea, mai faine ca-ale lor.
La mêlée fut digne d´Homère, Demnă de-Omer a fost încăierarea,
Et la défaite bien amère Şi înfrângerea amară,
A l´ennemi pourtant nombreux, A inamicului, chiar numeros,
Qu´on battit à plate couture, Pe care l-am bătut măr
Qui partit en déconfiture Şi s-a retras devălmăşit
En déroute, en sauve-qui-peut. Şi în derută, scapă cine poate
Oui, cette horde de barbares Da, acea hoardă barbară
Que notre fureur désempare De-ardoarea noastră  umilită,
Fit retraite avec ses vaisseaux, S-a retras cu-a sale vase
En n´emportant pour tous trophées, Neducând cu-ea drept trofee
Moins que rien, deux balles crevées, Mai nimic, două mingi sparte,
Trois raquettes, quatre cerceaux. Tre rachete, patru cercuri.
Après la victoire fameuse După victoria faimoasă
En chantant l´air de „Sambre et Meuse” Cântând aria din „Sambre et Meuse”
Et de la „Marseillaise”, ô gué, Şi din „Marseillaise”, măi, măi,
On courut vers la récompense Am alergat după răsplata
Que le joli sexe dispense De sexul frumos acordată
Aux petits héros fatigués. Micilor eroi istoviţi.
Tandis que tout bas à l´oreille În timp ce şopteam în urechea
De nos Fanny, de nos Mireille, Mirelelor, Fanny-lor noastre
On racontait notre saga, Povestea marii bătălii,
Qu´au doigt on leur passait la bague, Când pe deget să le punem inelul,
Surgit une espèce de vague Se ivi un fel de undă
Que personne ne remarqua. Pe care nu-o observă nimeni.
Au demeurant ce n´était qu´une La urma urmei a fost doar
Vague sans amplitude aucune, Un val fără vreo înălţime,
Une vaguelette égarée, Un vălureţ de tot stingher,
Mais en atteignant au rivage Dar ajungând pe ţărmul nostru
Elle causa plus de ravages, Produse mai multe ravagii,
De dégâts qu´un raz-de-marée. Pagube, decât un val seismic.
Expéditive, la traîtresse Expeditiv, trădătorul,
Investit notre forteresse, Ne-ncercui fortăreaţa,
La renversant, la détruisant. Doborând-o, distrugând-o.
Adieu donjon, tours et courtines, Adio donjon, turnuri, curtine,
Que quatre gouttes anodines Căci patru picuri ne’nsemnate
Avaient effacés en passant. Le-au pus, în treacăt, la pământ.
A quelque temps de là nous sommes Mult mai târziu după aceea
Allés mener parmi les hommes Avem de purtat printre-adulţi,
D´autres barouds plus décevants, Alte bătăi mai ‘nşelătoare,
Allés mener d´autres campagnes, De condus alte campanii,
Où les châteaux sont plus d´Espagne, Castele ce nu-s mai din Spanii
Et de sable qu´auparavant. Şi din nisip ca înainte.
Quand je vois lutter sur la plage Când văd luptându-se pe plajă
Des soldats à la fleur de l´âge, Soldăţei în floarea vârstei,
Je ne les décourage pas, Nu mă pun să-i descurajez,
Quoique je sache, ayant naguère Chiar dacă ştiu, căci am purtat
Livré moi-même cette guerre, La vremea mea acel război,
L´issue fatale du combat. Al luptei deznodământ fatal.
Je sais que malgré leur défense, Ştiu că oricât s-ar apăra,
Leur histoire est perdue d´avance, Povestea lor pierdută-i dinainte,
Mais je les laisse batailler, Însă îi las ca să se lupte,
Pour sauver un château de sable Să scape-un castel de nisip
Et ses remparts infranchissables, Şi meterezele-i de netrecut
Qu´une vague va balayer. Să nu fie măturat de val.

La cane de Jeanne

•decembrie 7, 2011 • Lasă un comentariu

La cane de Jeanne1

Raţa lu’ Ioana

   
La cane Raţa
De Jeanne Lu’  Ioana
Est morte au gui l’an neuf2, A murit pe vâsc de’anul nou.
Elle avait fait, la veille, Făcuse, bătrâna,
Merveille ! Minunea!
Un oeuf ! Un ou!
   
La cane Raţa
De Jeanne Lu’  Ioana
Est morte d’avoir fait, A murit din,
Du moins on le présume, Cel puţin aşa s-a bănuit,
Un rhume, Un guturai,
Mauvais ! Cumplit!
   
La cane Raţa
De Jeanne Lu’  Ioana
Est morte sur son oeuf A murit pe-al său ou,
Et dans son beau costume Şi-n frumosul său costum
De plumes, Din puf,
Tout neuf ! Cel nou!
   
La cane Raţa
De Jeanne, Lu’  Ioana
Ne laissant pas de veuf, Nelăsând vădou
C’est nous autres qui eumes Noi ceilalţi primt-am
Les plumes, Tot puful
Et l’oeuf ! Şi-un ou!
   
Tous, toutes, Toţi, toate
Sans doute, Desigur,
Garderons longtemps le Păstra-vom mult timp
Souvenir de la cane Amintiri despre raţa
de Jeanne Lu’  Ioana
Morbleu ! …. pe naiba!


1 Jeanne : Il s’agit de la logeuse de Brassens, impasse Florimont, qui l’a caché, logé et nourri après son évasion du STO pendant la guerre. Elle est „l’hôtesse” de l’Auvergnat. Il lui a consacré une autre chanson, intitulée simplement „Jeanne”, dans son 7ème album (Les Trompettes de la Renommée).

2 au gui l’an neuf : à la nouvelle année, où la tradition veut qu’on s’échange un baiser sous un bouquet de gui pour se souhaiter du bonheur